Introduction

À quelque pĂ©riode que ce soit, et c’est surtout trĂšs net au printemps, tout apiculteur a constatĂ© en posant sa main sur le couvre-cadres d’une ruche que celui-ci Ă©tait tiĂšde, voire chaud. C’est que la colonie qui vit au-dessous produit de la chaleur, tout comme le ferait un animal. C’est un aspect de la conception de la colonie d’abeilles comme un « superorganisme », vision qui consiste Ă  considĂ©rer l’ensemble de la colonie comme un mammifĂšre. Les similitudes sont nombreuses et une des plus Ă©tonnantes est la rĂ©gulation thermique.

Grande similitude entre ces deux photos prises avec une caméra infra-rouge.

Cependant il y a une diffĂ©rence fondamentale : l’homme chauffe son logement (son environnement) en brĂ»lant un combustible alors que la colonie chauffe son « corps » uniquement, et ce en maintenant son mĂ©tabolisme. Depuis quelques annĂ©es, l’utilisation de camĂ©ras thermiques trĂšs sophistiquĂ©es a permis d’entrer dans l’intimitĂ© de la colonie et mĂȘme dans l’intimitĂ© d’une larve d’abeille dans sa cellule operculĂ©e !

Comment l’abeille produit-elle de la chaleur ?

Le thorax de l’abeille contient une musculature puissante qu’elle utilise pour le vol bien sĂ»r (d’oĂč le nom de muscles alaires) mais aussi pour produire des impulsions vibratoires qu’elle utilise dans les danses de communication et pour produire de la chaleur. Les muscles dorso-ventraux et longitudinaux ne se contractent pas alternativement, ce qui est le cas en vol, mais se tĂ©tanisent et l’abeille reste immobile.
Au bout de quelques minutes la température de son thorax augmente et peut atteindre 43° (température maximale).
Cette chaleur peut ĂȘtre produite Ă  titre individuel avant de s’envoler. Une abeille est capable de quitter la ruche par des tempĂ©ratures fraĂźches (12-13°) mais elle ne peut le faire que si son thorax est Ă  environ 30°. C’est en partie l’explication au fait que des abeilles « grappĂ©es » aprĂšs un essaimage tombent en masse quand on secoue son support et volent trĂšs peu ou trĂšs mal. Et c’est aussi la raison pour laquelle on peut rĂ©animer des abeilles dans le creux de la main en leur soufflant doucement dessus ; c’est souvent le cas de butineuses qu’on retrouve sur la planche d’envol ou devant la ruche par temps frais, particuliĂšrement en dĂ©but de saison.
Comme un sportif, l’abeille a donc besoin de s’échauffer avant de partir ! De nombreux insectes font de mĂȘme, tout particuliĂšrement les papillons de nuit. Mais
particularitĂ© de l’abeille, elle le fait aussi pour les besoins de la colonie, tout particuliĂšrement pour le couvain.

Photo infrarouge d’une « abeille « rĂ©chauffeuse » : la T° est concentrĂ©e dans le thorax. (Photo J. Tautz)

OĂč l’abeille puise-t-elle son Ă©nergie ?

Dans le miel, comme tout un chacun le sait. Le miel est la nourriture au sens classique du terme, c’est-à-dire qu’il sert à maintenir les fonctions vitales de l’abeille et
de la colonie. Cela reprĂ©sente environ 1/5 du miel rĂ©coltĂ©. Le miel est aussi le « carburant » pour produire de la chaleur, pour l’abeille elle-mĂȘme, pour la grappe
hivernale et pour le couvain presque toute l’annĂ©e. Cela reprĂ©sente environ 4/5 du miel rĂ©coltĂ©.
Le miel produit par une colonie est donc beaucoup plus un combustible qu’un aliment.

LA THERMOREGULATION

La thermorégulation de la grappe hivernale :

La colonie d’abeilles n’hiberne pas. Le moindre choc sur la ruche, mĂȘme par tempĂ©rature trĂšs basse, gĂ©nĂšre un « buzz » qui ne laisse aucun doute. De mĂȘme une brusque remontĂ©e de la tempĂ©rature en pĂ©riode hivernale permet une sortie en nombre des abeilles. Pas de lĂ©thargie donc ! En hiver la colonie se resserre et forme une grappe de forme plus ou moins ovoĂŻde, partitionnĂ©e « en sandwich » par les cadres bien sĂ»r. Cette grappe n’est pas inerte, elle se contracte et se dilate en fonction de la tempĂ©rature ambiante. Elle peut mĂȘme se dĂ©faire complĂštement en cas de redoux comme dit prĂ©cĂ©demment. Cette grappe prĂ©sente aussi deux parties nettement diffĂ©renciĂ©es. Une partie centrale oĂč la tempĂ©rature est fluctuante et parfois relativement Ă©levĂ©e (de 15 Ă  33°), le « cƓur chauffant » et une externe dont la tempĂ©rature est nettement plus basse (de 7 Ă  13°), le « manteau ».

Photo infrarouge d’une grappe hivernale
84.4° F (29° C) au cƓur de la grappe

Au cƓur de la grappe se trouvent les abeilles chauffeuses qui produisent de la chaleur avec pour seul objectif que le bord externe de la grappe ne descende pas au dessous de 7°, tempĂ©rature oĂč l’abeille tombe en coma et meurt aussi irrĂ©mĂ©diablement que rapidement.

Le manteau est constituĂ© d’abeilles serrĂ©es les unes contre les autres, la tĂȘte tournĂ©e vers le centre de la grappe, formant une couverture isolante qui Ă©met une certaine tempĂ©rature due au mĂ©tabolisme de chaque abeille et qui profite de la chaleur Ă©mise et en limite la dĂ©perdition. Le corps de l’abeille par lui-mĂȘme est un bon isolant : les nombreux poils thoraciques entremĂȘlĂ©s qui emprisonnent de l’air sont particuliĂšrement efficaces. Chaque abeille fonde son comportement sur les informations (relatives Ă  la tempĂ©rature) qu’elle reçoit Ă  l’endroit oĂč elle se trouve et elle se maintient dans une gamme de tempĂ©ratures confortables pour elle. À l’intĂ©rieur de cette gamme elle peut se dĂ©placer. C’est ainsi qu’elle s’éloigne ou se rapproche du cƓur chaud selon qu’elle a trop chaud ou trop froid. Et sous un certain seuil de tempĂ©rature, elle peut accroĂźtre son mĂ©tabolisme en contractant ses muscles alaires et Ă©lever ainsi sa tempĂ©rature et celle des abeilles qui l’entourent.

TĂȘtes tournĂ©es vers le centre, on aperçoit les abeilles du dessus de la grappe
Abeilles mortes de froid, tĂȘtes enfoncĂ©es au fond des cellules, sur une reprise de ponte hivernale.

La taille de la grappe joue un rĂŽle trĂšs important dans le bon fonctionnement de cette thermorĂ©gulation. Le rapport entre le volume de la grappe et la surface par oĂč se fait la dĂ©perdition de chaleur est plus favorable lorsque la masse d’abeilles est importante (1,8kg. semblant ĂȘtre l’idĂ©al –travaux de Free et Racey). Une grappe importante produit aussi plus de chaleur et se dĂ©place plus facilement pour avoir accĂšs aux rĂ©serves.

Toute la thermorĂ©gulation de la grappe hivernale repose sur la conduction et la diffusion de la chaleur. Le vent et les courants d’air sont particuliĂšrement prĂ©judiciables et sont un ennemi plus important que le froid lui-mĂȘme.

La thermorégulation du couvain :

Comme dit en introduction, les apiculteurs savent depuis longtemps Ă  quel point le nid Ă  couvain peut dĂ©gager de la chaleur. Et on a longtemps cru aussi que le couvain gĂ©nĂ©rait cette chaleur de par le mĂ©tabolisme des larves et des nymphes et que les abeilles le tenaient au chaud simplement, Ă©vitant que la chaleur ne se dissipe. L’utilisation relativement rĂ©cente de camĂ©ras thermiques de haute technologie et des observations minutieuses ont apportĂ© un Ă©clairage nouveau sur cette partie de la biologie de la colonie et confortĂ© la vision de celle-ci comme un superorganisme. En effet, la tempĂ©rature du couvain (environ 36°) est trĂšs proche de celle du corps des mammifĂšres. Et ce couvain supporte d’autres comparaisons ; avec l’utĂ©rus par exemple. JĂŒrgen Tautz emploie le terme d’«utĂ©rus collectif » pour dĂ©signer cette partie de la colonie qui gĂ©nĂšre la vie ; ou encore avec l’allaitement ; le mĂȘme JĂŒrgen Tautz emploie le terme « lait soeural » pour dĂ©signer la gelĂ©e royale donnĂ©e en nourrissement Ă  toutes les larves, par similitude avec le lait maternel des mammifĂšres.

Il y a deux mĂ©canismes pour la rĂ©gulation de la tempĂ©rature du nid Ă  couvain : la contraction des muscles alaires pour produire de la chaleur ; la ventilation, couplĂ©e Ă©ventuellement avec des apports d’eau pour abaisser la tempĂ©rature.

La climatisation du couvain en pĂ©riode tempĂ©rĂ©e, voire froide est la situation la plus frĂ©quente et elle commence dĂšs la reprise de ponte. Nous avons vu que le couvain doit ĂȘtre maintenu Ă  une tempĂ©rature d’environ 36° et cette tĂąche incombe Ă  des abeilles dites « rĂ©chauffeuses » (Tautz). Ces abeilles peuvent ĂȘtre de toutes classes d’ñge, contrairement aux autres « fonctions de l’abeille » bien connues (nourrices, ciriĂšres, etc 
.) qui sont liĂ©es Ă  des Ă©tats physiologiques spĂ©cifiques. Ces abeilles vont produire de la chaleur comme dĂ©crit prĂ©cĂ©demment et vont adopter deux comportements diffĂ©rents : soit elles vont presser leur thorax brĂ»lant sur le couvain operculĂ© soit elles vont plonger leur tĂȘte au fond d’une cellule vide entourĂ©e de cellules operculĂ©es. Dans les deux cas la tempĂ©rature de leur thorax est de l’ordre de 43° et c’est cette chaleur Ă©mise qui va maintenir la tempĂ©rature des nymphes aux environs de 36°. La durĂ©e de chauffe va de quelques minutes Ă  30 au maximum et durant cette pĂ©riode diffĂ©rentes phases se succĂšdent au cours desquelles la tempĂ©rature monte ou baisse tout comme se comporte un radiateur pilotĂ© par un thermostat. Dans le cas de l’abeille le « thermostat » est constituĂ© de minuscules organes sensoriels, les sensilles, situĂ©s sur ses antennes qu’elle maintient en contact permanent avec les opercules. La seconde technique (l’abeille avec la tĂȘte au fond de la cellule) est plus performante car la chaleur est utilisĂ©e au mieux ; en effet une cellule vide peut ĂȘtre entourĂ©e de 6 cellules contenant une nymphe.

Échanges par trophallaxie sur le couvain. (Apport de « carburant » Ă  une « rĂ©chauffeuse »)
On peut observer du couvain operculĂ© contenant les nymphes, des cellules vides oĂč des «rĂ©chauffeuses» pourront s’introduire
et des cellules contenant du miel (« pots de rĂ©serves  temporaires »).

DĂšs qu’une rĂ©chauffeuse a Ă©puisĂ© son Ă©nergie elle est remplacĂ©e par une autre qui en quelque sorte prend la relĂšve. La chaleur produite va ĂȘtre conservĂ©e, empĂȘchĂ©e de se dissiper, par une ou plusieurs couches d’abeilles, plus ou moins denses selon la tempĂ©rature ambiante, qui vont jouer le rĂŽle de « couverture isolante ». C’est la mĂȘme stratĂ©gie que pour la grappe hivernale. Lors d’une visite de printemps par temps frais il est facile de constater ces « Ă©paisseurs » d’abeilles sur un cadre de couvain.

Deux abeilles « rĂ©chauffeuses » sur le couvain.En appuyant leur thorax sur les cellules operculĂ©es, elles maintiennent les nymphes Ă  la tempĂ©rature optimum pour les mĂ©tamorphoses. (Photo Stabenheimer, extraite de « La santĂ© de l’Abeille » n° 273, sept. Oct. 2019)

Les rĂ©serves de miel sont Ă©loignĂ©es du couvain chauffĂ© et il y a des abeilles qui ont en charge d’approvisionner les rĂ©chauffeuses. J. Tautz les appelle les « abeilles citernes Ă  miel ». Ces abeilles circulent sur les rayons et approvisionnent les rĂ©chauffeuses par trophallaxie. Elles les reconnaissent grĂące aux sensilles de leurs antennes car, mĂȘme Ă©puisĂ©es, elles dĂ©gagent encore un peu de chaleur corporelle. Une analyse de ce « combustible » Ă©changĂ© montre que c’est un miel trĂšs concentrĂ©, de valeur Ă©nergĂ©tique maximale, pas du miel immature et encore moins du nectar.

Deux cadres de beau couvain faisant apparaßtre des cellules vides pour la thermorégulation.
Photo du haut : on peut observer les manchettes jaunes de l’apiculteur : italien 
 ou essertinois !
(Photos Michel AYEL)

Le nid Ă  couvain possĂšde aussi un dispositif d’auto-alimentation. Les cellules vides dans le nid Ă  couvain (et tout apiculteur quelque peu observateur a constatĂ© leur prĂ©sence) sont souvent utilisĂ©es comme « pots de rĂ©serves temporaires ». Dans une colonie en bon Ă©tat sanitaire il y en a entre 10 et 20%. Ces cellules vides ne correspondent pas Ă  des cellules qui auraient contenu des larves malades et qui alors auraient Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es.

Cadre effondré par excÚs de chaleur.

Pour maintenir la tempĂ©rature du couvain au niveau optimum les abeilles sont parfois amenĂ©es non plus Ă  le chauffer mais Ă  le rafraĂźchir. C’est le cas en pĂ©riode de canicule, voire de simple vague de chaleur. Outre la climatisation du couvain, le comportement de la colonie a alors aussi pour but de protĂ©ger les rayons dont la cire ramollie risquerait de cĂ©der, et cela concerne aussi bien les rayons de miel que ceux du couvain.

Abeilles faisant la barbe.

La premiĂšre rĂ©action des abeilles face Ă  cette situation est de ventiler et
. faire la barbe. Tout apiculteur en a Ă©tĂ© tĂ©moin sans peut-ĂȘtre bien en connaĂźtre la raison exacte. L’idĂ©e de « surpopulation » est bien souvent avancĂ©e
. En fait il s’agit tout simplement d’évacuer le nid Ă  couvain pour que la ventilation soit plus efficace. Si cela s’avĂšre insuffisant de l’eau est alors nĂ©cessaire. Des abeilles qui sont sur le nid Ă  couvain en surchauffe le quittent et viennent solliciter des butineuses en leur touchant les piĂšces buccales. Ces butineuses partent alors Ă  la recherche d’eau qui sera rĂ©partie sur le couvain sous forme de fines gouttelettes ou d’une mince pellicule et des abeilles d’intĂ©rieur, d’ñge indiffĂ©rent, entrent en action : ce sont les ventileuses. En crĂ©ant un flux d’air elles provoquent l’évaporation de l’eau, ce qui gĂ©nĂšre du froid. LĂ  encore tout apiculteur a pu observer celles qui sont en action sur la planche d’envol certains jours (mais il y en a Ă©normĂ©ment plus Ă  l’intĂ©rieur) et encore plus les entendre certains soirs, tout particuliĂšrement en pĂ©riode de miellĂ©e. C’est alors le ronflement caractĂ©ristique d’une belle colonie. Une main humide placĂ©e Ă  une dizaine de centimĂštres de l’entrĂ©e permet de percevoir trĂšs nettement ce courant d’air.

Abeille ventileuse sur la planche d’envol, dans une attitude caractĂ©ristique.
À ne pas confondre avec une abeille « battant le rappel ». (La glande de Nasanov situĂ©e tout au bout de l’abdomen
n’est pas ouverte ni visible). (Photo Anne et Jacques SIX)

Dans ce cas-lĂ , outre la climatisation du nid Ă  couvain, il s’agit surtout alors de concentrer le nectar en miel en Ă©vacuant massivement l’eau qu’il contient. La littĂ©rature apicole donne une fourchette de 20 Ă  30% pour la teneur en sucre du nectar, ce qui fait donc beaucoup d’eau Ă  Ă©vaporer !
 Ce type de rĂ©gulation thermique a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© il y a longtemps dĂ©jĂ  (milieu du 20Ăšme siĂšcle) Ă  partir de ruchettes vitrĂ©es chauffĂ©es artificiellement. C’est principalement Ă  Martin Lindauer, disciple du cĂ©lĂšbre Karl von Frisch, que l’on doit toutes ces observations aussi fines.

Quelques chiffres repĂšres :

43° : tempĂ©rature maximale du thorax d’une « abeille rĂ©chauffeuse ».

34-37° : plage de tempĂ©rature d’élevage du couvain. 36° : tempĂ©rature optimale d’élevage du couvain. 32° : des nymphes Ă©levĂ©es Ă  cette tempĂ©rature donnent des abeilles aux fonctions cognitives altĂ©rĂ©es (sens de l’orientation, danses de communications) [expĂ©riences en incubateur de J. Tautz]

32-30° : des nymphes Ă©levĂ©es dans cette plage de tempĂ©rature donnent des abeilles avec des malformations (ailes, pattes) [travaux de Stabenheimer]. C’est au stade nymphal (couvain fermĂ©) qu’ont lieu les mĂ©tamorphoses et que les variations de tempĂ©rature sont prĂ©judiciables. Le couvain ouvert, en particulier au stade Ɠuf, y est beaucoup moins sensible.

30° : limite infĂ©rieure pour le couvain. En dessous les larves et nymphes meurent. C’est aussi la tempĂ©rature du thorax pour qu’une abeille puisse voler. Les abeilles qu’on peut voir voler Ă  des tempĂ©ratures de 12, 13° ont « prĂ©chauffĂ© » leur musculature avant.

10° : Température limite pour une abeille. Endessous inanition puis mort.

Quelques considĂ©rations pratiques Ă  la lumiĂšre de ce qui vient d’ĂȘtre dit :

Bien prendre en compte le nourrissement hivernal : en quantitĂ© bien sĂ»r (pesĂ©e des ruches) mais peut-ĂȘtre encore plus en qualitĂ© (le miel est de loin supĂ©rieur au sirop, mĂȘme si l’industrie propose un large Ă©ventail tant dans la nature des sucres que des complĂ©ments apportĂ©s). Il est sans doute alors plus judicieux de terminer la saison en visant une miellĂ©e tardive sans la hausse pour « hiverner sur du miel ». Le stakhanovisme n’est pas forcĂ©ment payant !

Hiverner des colonies fortes : la consommation hivernale est proportionnellement plus faible.

Éviter les perturbations en hiver. Le traitement Ă  l’acide oxalique par dĂ©gouttement hors couvain en est une ; elle est cependant indispensable dans le contexte de la lutte anti-varroas actuellement.

Être vigilant sur les provisions au printemps et sur le nourrissement si nĂ©cessaire (ce qui fut le cas cette annĂ©e en avril et mai) : garder en mĂ©moire que 1/5 seulement sert de nourriture et 4/5 servent Ă  la production de chaleur, vitale pour le bon dĂ©veloppement du couvain.

Garder en mĂ©moire que le couvain operculĂ© est plus fragile que les Ɠufs et les larves. En tenir compte lors de la constitution d’essaims : il doit y avoir suffisamment d’abeilles pour « chauffer » ce couvain operculĂ©. Par contre les larves et encore plus les Ɠufs sont sensibles Ă  la dessication. Pour Ă©clore, les Ɠufs nĂ©cessitent une humiditĂ© relative de 90 Ă  95%. À 80% une partie des Ɠufs n’éclosent pas et environ 40% de ceux qui Ă©closent donnent des larves anormales. (Travaux de Doull et Ellis).

Respecter le nid Ă  couvain lors des visites : cadres replacĂ©s dans le bon ordre et le bon sens (pas inversĂ©s), introduction judicieuse des cadres de cire gaufrĂ©e (voir ou revoir les « fils rouges » sur le site) et bien sĂ»r prendre en compte tout ce qui peut perturber l’ambiance intĂ©rieur de la ruche (courant d’air, humiditĂ©, plancher grillagĂ©, isolant
).

Ne pas intervenir par conditions mĂ©tĂ©os dĂ©favorables (16°, absence de vent surtout semblent ĂȘtre les conditions minimales Ă  respecter) et agir rapidement.

Enfin garder en mĂ©moire que toute intervention perturbe l’homĂ©ostasie (l’équilibre) de la colonie, un Ă©quilibre qui est fragile et surtout qui « coĂ»te » Ă  la colonie pour ĂȘtre rĂ©tabli. Donc n’intervenir sur ses colonies que pour les besoins de l’élevage et non par curiositĂ© ou 
.plaisir.

Principales sources: Stabentheiner (Honeybee colony thermoregulation). The American Bee Journal (11/2018 ; 03 2019 ; 09/2019 /). La SantĂ© de l’Abeille n° 293 (Janine Kievits) / « L’étonnante abeille » (JĂŒrgen Tautz)